Sur les pas de Willy Ronis

L’oeuvre de Willy Ronis ne peut se résumer au célèbre cliché du « petit garçon à la baguette de pain ». Chantre de la photographie humaniste, il est né en 1910 et mort 99 ans plus tard à l’hôpital Tenon, établissement séculaire situé dans ma rue. Armé d’un Rolleiflex, puis d’un petit format 24×36, il s’est consacré dès 1936 au reportage, « tombant dedans par accident » et est devenu « le » chroniqueur des luttes populaires. Willy Ronis a également arpenté les rues de Paris pendant plus de 60 ans, nous offrant ainsi un témoignage unique en noir et blanc. Une époque où l’on pouvait encore saluer de près le génie de la place de la Bastille et faire du vélo à l’emplacement des anciennes fortifications de la porte des Lilas.

Belleville Ménilmontant_mg_2336
Edité pour la première fois en 1950, l’ouvrage Belleville Ménilmontant a immortalisé ce quartier où j’habite et inspiré mes premiers pas de photographe de rue. Willy Ronis a connu le quartier peu après la Libération en 1947, grâce à un ami peintre. Le photographe sautait sur sa moto «  pour poursuivre entre l’avenue Gambetta et le métro Danube, la station Pyrénées et les anciennes fortifs une quête buissonnière de photographe enchanté ». A l’orée des années 1950, il a immortalisé le travail des petits artisans, l’atmosphère des cafés, s’est fait l’écho du ronronnement des fabriques de maroquinerie et de petite mécanique.

Saisir l’instant
C’est à pied – et non à moto ! – que j’ai mis mes pas dans ceux de Willy Ronis, arpentant ces rues-escaliers qu’il affectionnait tant, découvrant l’ancien emplacement de la gare de Ménilmontant – aujourd’hui signalée par une simple passerelle enjambant la Petite Ceinture –_MG_2252, au détour d’une halte au cimetière de Belleville, toujours dominé par deux énormes châteaux d’eau. L’appareil-photo en bandoulière, j’ai tenté d’imaginer le tracé de rues qui n’existent plus – détruites notamment pour céder la place au parc de Belleville. Dans mes pérégrinations, j’ai essayé de saisir les instants qui passent à la sortie des classes, la solitude des regards rue des Cascades, les moments de camaraderie partagés par ces vieux messieurs du boulodrome de Télégraphe. Bref, mettre mes pas dans ceux de cet immense photographe qui disait : « Je n’ai jamais poursuivi l’insolite, le jamais vu, l’extraordinaire, mais bien ce qu’il y a de moins typique de notre existence quotidienne ».

 

Liberté, « la » pâtisserie-boulangerie (Ménilmontant)

Liberté, j’écris ton nom ! Tout en haut de la rue de Ménilmontant, la boulangerie-pâtisserie Liberté a ouverte en septembre dernier, investissant les locaux où a été inventée la fameuse flûte Gana – qui fait toujours les choux gras du 226 rue des Pyrénées. Sur la façad6tag_300515-164744e en brique, la signature de Benoît Castel voisine les grandes baies vitrées. Pâtissier pendant 10 ans à la Grande Epicerie du Bon Marché, le chef breton n’en est pas à son premier coup d’essai. Fort du succès de la boutique sise rue des Vinaigriers, il attire une clientèle d’initiés pour qui la qualité prime. Le pain granola – noisettes entières, cerneaux de noix et raisins – côtoie le légendaire pain du coin, façonné en grosses pièces vendues à la coupe. Son secret ? Un levain naturel cultivé sur une base de coing. Les gourmands testeront la tarte à la crème à la chantilly d’Isigny, signature du chef, ou le bobo au rhum, à la crème fouettée. Ici, les pains au chocolat et les croissants sont constitués d’un tiers de beurre. Pas mal (sauf pour les hanches) ! Surtout quand on sait que 70% des viennoiseries des boulangeries parisiennes sont industrielles. La Liberté prône une totale transparence -thème ô combien cher à notre époque -, on peut donc assister à la fabrication du pain et des gâteaux.

6tag_300515-164139La vaste salle aux murs en brique qui jouxte le coin boutique sert d’écrin le week-end à un brunch intitulé « comme à la maison ». Le concept ? Un buffet gargantuesque – prix à l’avenant. Près des fours à bois et des stères est disposée une farandole de victuailles. Côté salé, plateaux de charcuterie et de fromage, quiches, pizzas et gratin de macaronis ne font pas l’unanimité. Côté sucré, l’offre est plus pointue, de mini beignets côtoient une mousse rose fluo, et des smoothies aux recettes audacieuses se marient agréablement avec le pain granola et la confiture maison. Le coude à coude est de rigueur – plusieurs longues tables en bois participent à l’ambiance informelle du lieu. Service tip top malgré le ballet incessant des clients.

 

Liberté Ménilmontant
150 rue de Ménilmontant, Paris 20
Tél. 01 46 36 13 82
Brunch le sam. et le dim. de 12h à 16h (27 euros)

 

Brunch du Lapin blanc (Ménilmontant)

WP_20150202 2Le Lapin blanc a plus d’un tour dans son sac. Ouvert depuis 2 ans sur les hauteurs de Ménilmontant, ce « bar à manger » coquet est un pousse-au-crime cher aux hédonistes – comme en témoigne la devanture constellée de 2 impacts de balle, vestiges, selon certaines rumeurs, des funestes effets de la passion.

En ce dimanche venteux, un trio féminin sirote des cappuccinos autour d’une palette-table basse. Un air de récup sans chichis qui rime agréablement avec l’ambiance familiale du lieu. A l’heure du brunch, une odeur de bacon chatouille les narines. Le smoothie gingembre-goyave et les tartines à la confiture de kiwi servent de préambule à la dégustation d’une salade de pois chiches, de pain perdu salé et d’un muesli aux poires parfumé à la coco. Le Lapin blanc, c’est aussi – et surtout – un bar à vins faisant la part belle aux crus naturels (dégustations chaque semaine). Le mercredi, sa formule cinéclub programme des films dans la lignée de L’Attaque de la moussaka géante. Alors, faites comme Alice, plongez dans le terrier du lapin !

84, rue de Ménilmontant, Paris 20
Tél. 06 63 08 60 50
lapinblancmenilmontant.wordpress.com
Ouvert mardi-dimanche, le soir
Brunch samedi & dimanche 12h-16h ; 20 euros