La rue Dénoyez en péril (Belleville)

6tag_290315-123745Près du métro de Belleville, la rue Dénoyez, qui doit son nom à la Folie Dénoyez, bal public culte dans les années 1830, est depuis les années 2000 un terrain de jeu pour les graffeurs, qui ont investi les 156 m de la petite rue piétonne. Dans ce bastion de l’art urbain, même les jardinières valent le coup d’œil : tapissées de mosaïques, elles ont été décorées par les habitants du quartier. Dans un mix improbable, les ateliers d’artistes et les galeries d’art succèdent aux restaurants chinois et espagnols. A son extrémité, la piscine Nakache, inaugurée en 2007, est un signe fort de la gentrification en marche.

Au pied du mur
En ce dernier week-end de mars, les camions de déménagement volent la vedette aux graffs colorés et autres installations éphémères. Depuis 6 mois, le bras de fer entre les habitants de la rue et la mairie n’a rien changé, et l6tag_290315-123839es expulsions ont déjà commencé. Ce havre artistique est plus que menacé par un projet immobilier – la construction de 18 logements sociaux et une crèche de 50 place – qui devrait démarrer en juillet prochain. Au total, c’est un bon tiers de la rue qui devrait changer d’occupants. Le 31 mars, la mairie souhaite murer les ateliers de la rue avant de tout raser. Un grand rassemblement populaire sera organisé en ce mardi endeuillé.

Brunch du Leslie Road (Gambetta)

Un bout d’Angleterre rue du Cambodge, tel est le pari du Leslie Road, ouvert depuis 2 ans à deux pas de la place Gambetta. Derrière une devanture so british, quelques tables sont dominées par une cuisine surélevée qui laisse entrevoir la toque de la cuisinière. En ce samedi midi, c’est presque complet. Et pour ajouter de l’eau à mon moulin, un groupe d’amis enjoués – 10, my god ! – célèbrent leurs retrouvailles dans la salle du sous-sol (toute neuve). A la tête de cette petite entreprise, Lucie, mi -française mi-anglaise, qui avait envie de partager sa madeleine de proust avec les habitants de l’Est parisien : « Le Leslie Road, c’est un clin d’œil à mon grand-père. Il habitait cette adresse dans la banlieue nord de Londres », explique-t-elle.

6tag_280315-200043A l’heure anglaise
Le brunch, qui comprend une assiette chaude ou froide (copieuse), séduit les gros appétits par sa formule « buffet » : pain de mie, jus de fruits, thé, céréales, et un porridge servi dans une grosse cocotte. On est à des années-lumières du chichiteux, et selon les dires de mon compère, le chocolat chaud est délicieux. Pour ma part, les œufs brouillés (aériens) et le jus de pamplemousse fraîchement pressé me remplissent de joie. Pour les autres envies, pies (tourtes), soupes et salades au lunch – fish & chips d’anthologie tous les vendredi midi. Et des pâtisseries à se damner – carrot cake, shortbread, cookies – à l’heure du thé. C’est bon et fait maison !

8, rue du Cambodge (Paris 20)
Tél. 01 77 32 23 47
Ouv. mar.-sam. 12h-19h, dim. 11h30-18h
Brunch : sam. & dim. jusqu’à 14h30 (réservation conseillée) ; 20 euros

Marché d’Aligre

En ce samedi midi, le ciel est d’une pureté cristalline mais le vent sibérien. Malgré un thermomètre qui affiche un mercure en-dessous de 0°, les habitants du quartier – et d’ailleurs – affluent vers le marché d’Aligre. A l’angle de la rue éponyme, de jeunes parents, emmitouflés dans de grosses doudounes, se faufilent avec leurs poussettes dans le défilé des trolleys. Tels des mini cosmonautes, des enfants s’intéressent au sort d’un chien modèle réduit qui grelotte dans les bras de sa maîtresse bling bling. Le vent s’engouffre entre les étals des marchands de quatre saisons, les “yallah” encourageant les chalands à faire le plein de pomelos. Sur les stands, les bonnets sontWP_20150304 de sortie et on se frotte les mains : la météo est de toutes les discussions, les “ça caille” semblant servir d’introduction.

On se bouscule au stand “soyons locavores” où radis noirs côtoient la poire de terre, cousine du topinambour qui fait parler d’elle. Juste à côté, au magasin “la petite affaire”, les habitués saluent Clara à la caisse, fidèle au poste depuis 40 WP_20150304 1ans. Sachets de madeleine en format XXL, barres chocolatées en offre éco… c’est le repère des produits en DLC. Près du marché couvert, un guitariste aux faux airs de crooner pousse la chansonnette à l’intention des promeneurs assis en terrasse – chacun se reflétant dans les Ray Ban de son voisin.

Dans les halles flotte l’odeur de viande rôtie. Un jeune couple bobo, qui étrenne bonnets colorés et hugg moletonnées, demande des conseils de cuisson au commerçant : “quand c’est noir, c’est cuit”, s’exclame-t-il. Sous une barre d’immeubles, le petit marché aux puces attire quelques curieux. Des chemises de nuit d’une autre époque flottent dans le vent et des romans de Danielle Steel des années 1980 attendent toujours acquéreurs. A l’horloge sonne les 13h, marquant le début de la faim.

Place d’Aligre (entre le faubourg Saint-Antoine et la rue de Charenton)
Métro Ledru-Rollin (ligne 8)
Tlj. (sauf le lun.) 9h-13h, 16h-19h30

Brunch du Lapin blanc (Ménilmontant)

WP_20150202 2Le Lapin blanc a plus d’un tour dans son sac. Ouvert depuis 2 ans sur les hauteurs de Ménilmontant, ce « bar à manger » coquet est un pousse-au-crime cher aux hédonistes – comme en témoigne la devanture constellée de 2 impacts de balle, vestiges, selon certaines rumeurs, des funestes effets de la passion.

En ce dimanche venteux, un trio féminin sirote des cappuccinos autour d’une palette-table basse. Un air de récup sans chichis qui rime agréablement avec l’ambiance familiale du lieu. A l’heure du brunch, une odeur de bacon chatouille les narines. Le smoothie gingembre-goyave et les tartines à la confiture de kiwi servent de préambule à la dégustation d’une salade de pois chiches, de pain perdu salé et d’un muesli aux poires parfumé à la coco. Le Lapin blanc, c’est aussi – et surtout – un bar à vins faisant la part belle aux crus naturels (dégustations chaque semaine). Le mercredi, sa formule cinéclub programme des films dans la lignée de L’Attaque de la moussaka géante. Alors, faites comme Alice, plongez dans le terrier du lapin !

84, rue de Ménilmontant, Paris 20
Tél. 06 63 08 60 50
lapinblancmenilmontant.wordpress.com
Ouvert mardi-dimanche, le soir
Brunch samedi & dimanche 12h-16h ; 20 euros