L’assec du lac de Guerlédan

Plus grand lac artificiel de Bretagne, le lac de Guerlédan chevauche les départements du Morbihan et des Côtes d’Armor. Situé en centre Bretagne, il a été asséché pour la dernière fois il y a tout juste 30 ans. Afin d’entretenir les parties immergées de l’ouvrage, la vidange totale du lac a débuté en mars dernier – événement qui a attiré 1,5 million de visiteurs ! C’est en traversant un petit bout de la forêt de Kereven que je descends vers la vallée, quelques semaines avant le remplissage du lac. Des copeaux d’ardoise craquent sous mes pieds, les trouées du feuillage laissent entrevoir le paysage attendu. Gagné par la poésie du lieu, mon ami me glisse : « le miroir scintillant n’est plus ». Quelques minutes plus tard la vallée perdue du Blavet nous apparaît – soit 12 km rayés de la carte. Des fermes en ruine ponctuent un paysage en partie lunaire. Mais déjà, la nature a repris ses droits, offrunnamed-6ant un camaïeu étrange – rouge, vert, bleu. Des allées craquelées évoquent des voies romaines où serpentent, en file indienne, une ribambelle de curieux. Des pommiers pétrifiés, sagement alignés, pointent leurs branches vers l’azur. Juste à côté, les habitations aux pierres noircies semblent avoir été incendiées, dont la guinguette de la veuve Grisette. Tout en haut des rives abruptes, des bateaux échoués semblent narguer les vacanciers dont certains improvisent des rituels initiatiques sous les regards médusés. Au fond de la vallée, où coulait le canal de Nantes à Brest, le Blavet serpente à nouveau, reprenant son cours naturel. Le remplissage naturel du lac aura lieu à partir du mois de novembre – avis aux amateurs !

 

Dans les coulisses des guides de voyages

Cartoville, les petits guides malins/urbains qui se déplient, font fureur depuis l’ère airbnb-Ryanair ! Le n°2 de Carto, c’est Vincent Grandferry. 6tag_290515-145354On s’est rencontrés rue Sébastien-Bottin à 23 ans, lui commençait comme auteur et moi je finissais mon stage aux guides. Aujourd’hui éditeur, Vincent a écrit pour la collection les titres de Munich, Bruxelles, Ibiza, Saint-Pétersbourg, Varsovie, Bangkok, Tokyo, Dubrovnik, Paris et Prague. Rien que ça ! Retour sur le parcours de l’éditeur le plus baroudeur de Gallimard Loisirs.

Tiphaine Cariou  Avant Cartoville, tu as été accompagnateur pour des agences de voyages pendant pas mal d’années. C’était pour qui ?
Vincent Grandferry  Surtout pour Nouvelles Frontières et Adeo. J’étais spécialisé dans les circuits dits «Expéditions». Il fallait donc être un peu débrouillard ! Cela m’a donné l’occasion de voyager au Vietnam, au Cambodge, en Birmanie, en Inde et en Indonésie. Et deux fois en Australie !

T. C.  Quel est le souvenir que tu retiens de tous ces voyages ?
V. G  Une très grosse galère ! En Inde, je m’occupais d’un groupe d’une quinzaine de personnes et gérait bien sûr tout le côté logistique, notamment le transport en rickshaw entre les gares et les hôtels. Un jour, un conducteur a décidé d’emmener deux de mes clients dans un hôtel pour qui il travaillait – le fameux backchich. Mais une fois là-bas, on les a enfermé dans une chambre ! Je suis parti en moto avec le patron de mon hôtel, on a sillonné toute la ville. Et on a fini par les retrouver.

T. C. Tu as commencé chez Cartoville en tant qu’auteur. Peux-tu nous décrire une journée type ?
V. G.  C’est une très grosse journée ! Quand tu es en repérage, tu travailles pratiquement 24h/24, et cela pendant quatre semaines environ. En moyenne, je testais 10 et 15 adresses par jour, musées, restaurants et… boîtes de nuit ! Quand tu es auteur carto, tu es également photographe ; le téléchargement et le classement des photos prend pas mal de temps. Le point positif, c’est que tu deviens incollable sur la ville où tu séjournes. A Tokyo, j’ai eu la chance de tester pléthore de restaurants et du coup de découvrir des spécialités dingues comme le fugu, le poisson dont le poison peut provoquer une mort quasi immédiate !

T. C. Tu es éditeur chez Cartoville depuis 6 ans. Quels sont les atouts de cette collection ?
V. G. Ce sont des guides typés courts séjours qui contiennent une carte dépliable par quartier, plus une sélection de sites à visiter et d’adresses. Nous sommes les seuls sur le marché ! Les titres qui se vendent le plus, ce sont ceux dédiés aux grandes villes européennes : Londres, Berlin, Rome, Barcelone, plus New York, qui est tiré à 30 000 exemplaires. Depuis que les billets d’avion ont baissé, les gens partent plus souvent en week-end. Et ils aiment le côté pratique de ce guide.

T. C. Quels sont vos titres en cours ?
V. G. Nous sommes en train de créer des Carto « famille » contenant des adresses spécifiques. Et en janvier 2016, les Cartoville Vancouver, Glasgow et Zagreb viendront grossir le catalogue.