Rue des Rigoles, le Paris populaire de l’après-guerre

Né en 1949 à Paris, Gérard Mordillat raconte son enfance dans un deux-pièces du 222 rue des Pyrénées, dont il connaît toutes les marchandes de quatre-saisons. Des douches sur le palier, au 6e étage, la vue est imprenable sur le rocher de Vincennes… et le four du Père-Lachaise. Une ligne d’horizon avec comme point d’ancrage le 20e arrondissement. D’ailleurs, à l’école des garçons de la rue Sorbier, les petits écoliers sont formels : sortir de Paris : « c’était aller à Dache, et dépasser la proche banlieue, partir pour Santa Merde ». A la sortie de l’école, l’arrêt bonbec est incontournable : des Mistral Gagnant (Renaud quand tu nous tiens) aux surprises à un franc enveloppées dans du papier journal. A la maison, l’appétit se fait moineau. En tout cas, surtout pas de cervelle, car « selon une tradition ouvrière, on ne mange pas l’outil de son travail ».

6tag_290415-183339Au 222, on est abonné au journal de la CGT, et certains principes ont des allures proverbiales : « Vote le plus rouge possible, cela rosira toujours ». Rue des Rigoles raconte les petits plaisirs d’un petit parigot sans tête de veau : les spectacles de Guignol aux Buttes-Chaumont, les séance de cinéma au Cocorico ou au Miami, quand le quartier comptait encore 35 salles de cinéma ! Les petits boulots à la foire du Trône, qui se tenait alors entre les colonnes de la place de la Nation – les tours en Rotor évoquent d’ailleurs une très belle scène des 400 Coups. Sans oublier les plans drague au rayon disques du Prisunic Pelleport.

Publié en 2002 et augmenté de textes inédits en 2013, Rue des Rigoles est une ode au Paris populaire de l’après-guerre, avec ses cafés « cocos » où seul le vin rouge est autorisé . Une plume à la Audiard qui rend hommage à cette gouaille parisienne très imagée.

Gérard Mordillat
Rue des Rigoles
Le Livre de Poche

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