Cinq (bonnes) raisons de lire la BD sur Joséphine Baker

1 – Parce c’était une femme libre
A 13 ans, l’apprentie danseuse se sentait déjà « femme » et s’est mariée à un premier Willie – un mariage qui va durer une seule nuit. Quatre autres mariages suivront, tout comme les amants… Simenon, Le Corbusier, etc. What else ? Joséphine aurait sûrement approuvé le mariage pour tous : certains disent qu’elle a eu une aventure avec Colette et même avec Frida Kahlo !

2 – Parce qu’elle avait des convictions politiques
Pendant la guerre, elle a fait de l’espionnage pour la France et a été décorée sous-lieutenant de l’armée de l’air. En 1951, elle a participé au Lincoln Memorial à la Marche pour la liberté et a pris le micro juste avant Martin Luther King et son fameux discours « I have a dream ».

3 – Parce qu’elle voulait incarner la fraternité universelle
Avec ses bambins de toutes les couleurs, elle coiffe au poteau le couple Brad Pitt-Angelina Jolie et leur saga made in Benetton. Joséphine Baker a adopté au cours de sa vie 12 enfants d’origine différente. Sa fameuse tribu nommée « arc-en-ciel ».

4 – Parce qu’elle a inventé un concept commercial
Bien avant le Neverland de Michael Jackson et le Paisley Park de Prince, elle a transformé un château du Périgord en parc d’attraction avec guinguette et music-hall à la clé. Sans oublier la piscine en forme de « J ».

5 – Pour la culture générale
Grâce à la BD, on apprend que Princess Tam Tam n’est pas qu’une marque de lingerie mais aussi un film tourné en Tunisie. Et pour l’actu people, la palme revient à Brigitte Bardot. En 1964, la jeune starlette est intervenue au JT de 20h pour lancer un appel de fond destiné à sauver le château de Joséphine : son premier élan de coeur avant les bébés phoques.

Joséphine Baker, signé Vatel & Bocquet
Editions Casterman

Pablo Picasso en BD

Commencée en 2012, la série Pablo (Dargaud) a fait couler beaucoup d’encre. Hormis un litige avec la sourcilleuse famille Picasso, elle a remporté des louanges hautement justifiées. Aux manettes de cette série en 4 tomes, un duo de choc reconnu dans le métier. Julie Birmant (scénario) et Clément Oubrerie (dessin) ont mis leur talent en commun pour raconter le quotidien du jeune peintre espagnol dans le Montmartre du début du 20e siècle, entre 1900 et 1912, attiré par la fée électricité de la ville lumière.

Les 4 albums de la série (T1 Max Jacob, T2 Apollinaire, T3 Matisse et T4 Picasso) font partager les souvenirs de Fernande Olivier, la première muse du peintre, et mêle cette romance volcanique à l’invention de l’art moderne, jusqu’à la naissance du cubisme. La série se dévore avec plaisir et fourmille d’anecdotes connues ou savoureuses : la vie de bohème sur la Butte et les soirées à la fumerie d’opium, la rencontre d’Apollinaire avec Marie Laurencin, la genèse des Demoiselles d’Avignon, la fastidieuse création du portrait de Gertrude Stein ou la rivalité Matisse-Picasso. Le premier album permet de redécouvrir le grand poète breton Max Jacob qui fait la connaissance de Picasso en 1901 et devient l’amuseur public de la Butte-Montmarte avec ses séances d’astrologie et de chiromancie. Quimpérois d’origine, juif converti au catholicisme, Max Jacob est l’auteur d’une œuvre très abondante qui a influencé toute une génération, de Cocteau à Malraux. Inventeur du poème en prose, il est mort en 1944 au camp de Drancy. « Une tête de squelette voilée de crêpe me mord le doigt. De vagues réverbères jettent sur la neige la lumière de ma mort » (Le Cornet à dés ; 1917).

Sorti en novembre dernier, Pablo : le Paris de Picasso est le dernier opus de cette série, une sorte de guide de Paris dont les 5 balades évoquent les lieux qui ont marqué le peintre. C’est à Neville Rowley, professeur à l’École du Louvre, que l’on doit la création de ces promenades qui nous refont découvrir à grand renfort d’anecdotes historiques, Montmartre, bien sûr, mais aussi la rive gauche ou les grands boulevards. Des photos anciennes et des illustrations des albums précédents achèvent de planter le décor. Le premier chapitre « En descendant la Seine » (le temps de l’Exposition universelle) est particulièrement réussi. Picasso a 18 ans et découvre Paris en 1900, année de l’Exposition universelle. La balade commence Gare d’Orléans, fu6tag_300615-194010ture gare d’Orsay, inaugurée pour l’occasion – tout comme le Grand et le Petit Palais – et mène place de la Concorde, entrée officielle de l’Exposition. Juste à côté, le musée de l’Orangerie est encore une serre où poussent des orangers. Sur le Champ-de-Mars, le palais de l’Electricité et la grande roue – qui vient tout droit de Chicago –, font de l’ombre à une tour Eiffel qui laisse de marbre les parisiens blasés.