Paris à l’heure d’été

Le Pavillon du Lac
Le parc des Buttes-Chaumont n’est plus la « zone louche » décrite par Aragon. Les assassinats ont cessé, le Rosa Bonheur est arrivé, et le week-end, on y pique-nique au coude-à-coude avec ses voisins. Donnant sur le lac, Le Pavillon date de 1868, tout comme les 5 autres du parc. Restauré en 2010, ce bâtiment de brique et de verre a fière allure avec sa verrière et ses terrasses ombragées. Le cadre est 6tag_180715-130117champêtre et romantique, et sous les parasols colorés, la clientèle n’est pas trop guindée. Côté bonne chère, le menu, très classique, fait la part belle à la cuisine hexagonale – magret de canard fondant et belles salades à la présentation soignée. Une addition clémente pour une parenthèse bucolique, loin du tohu-bohu. Brunch dominical attrayant avec des gaufres maison – prix à l’avenant.

Accès Mairie du 19e arrondissement
Plats entre 14 et 25 euros ; brunch à 28 euros

Ouv. mar-ven. 10h-0h ; dim. jusqu’à 20h

Ground Control
Le bar éphémère Ground Control s’est installé cet été dans un ancien dépôt SNCF de la Chapelle qui sera rasé avant la fin de l’année – soit 5000 m2 de béton et de rails entre Marcadet et Marx Dormoy. Les anciens ateliers de réparation de locomotives ont été transformés en espaces de restauration (burgers, trattoria, hot-dogs) ou en brocante, les voies sont devenues des friches à jardiner ou des terrains de pétanque. Nombreux sont les esprits chagrins à déplorer la boboïsation aigüe du lieu – on peut s’y faire tailler la barbe pour 10 balle6tag_180715-115143s, nourrir les poules, acheter des vélos de compèt à 800 euros, suivre des cours de yoga ou de jardinage. Mais en ce samedi midi, seules quelques mordues des DIY attendent l’ouverture avec impatience. Si le lieu, gigantesque, est un brin trop propret pour rappeler les rads berlinois, il en émane un charme industriel certain. En soirée, agoraphobes s’abstenir.

26 ter rue Ordener, 75018 Paris
Métro Marcadet-Poissonniers
Ouv. mer.-ven. de 15h à 0h ; sam.-dim. 11h30-0h

Etoile Lilas
Dominant le périph’ de l’Est parisien, le cinéma l’Etoile Lilas est un lieu de rendez-vous apprécié à l’heure de l’apéro – et contrairement au Louxor, vous n’avez pas besoin de passer par la case ciné. Sur le toit-terras6tag_170715-233408se arboré, esprit guinguette avec des tonneaux en guise de table et des loupiotes colorées dans les arbres – plus une vue, ultra urbaine, mais qui vaut le coup d’oeil. DJ set de bon aloi, tables de ping-pong, baby-foot, soirées salsa, concerts, la programmation est plutôt alléchante et l’ambiance toujours bon enfant. Sans doute le rooftop le moins prétentieux de Paris – et sans file d’attente interminable. Ca fait du bien !

Place Maquis du Vercors, 75020 Paris
Métro Porte des Lilas
Ouv. du mer. au dim. de 12h à 2h

Escapade à Milly-la-Forêt

A Milly-la-Forêt, village coquet situé à 50 km de Paris, tout rappelle le souvenir de Jean Cocteau (1889-1963). Dans le petit centre-ville, même le PMU local tente de rendre hommage au film Orphée. A l’entrée du bourg, la maison où le poète a vécu une quinzaine d’années – jusqu’à sa mort – est ouverte au public depuis 5 ans. Achetée en 1947, la « maison du bailli » est une ancienne dépendance du château de la Bonde attenant, dont les douves traversent le ravissant jardin planté de pommiers. Outre la collection de dessins et de photos du dernier étage, les pièces les plus intéressantes sont le salon du rez-de-chaussée, la chambre et le bureau du premier étage, qui évoque celui d’André Breton. Près du lit à baldaquin, les pipes à opium sont alignées sagement.

Ouverte mars-octobre du mer. au dim. de 14h à 19h.
Billet combiné avec la chapelle.

Non loin du centre se dresse la chapelle en grès Saint-Blaise-des-Simples (12e siècle), dernier témoin de l’existence d’une maladred6tag_120715-152406ie. Dans le petit jardin attenant sont cultivées des plantes médicinales appelées les simples, utilisées pour soulager les souffrances des lépreux. C’est aussi la dernière demeure de Jean Cocteau, qui en 1959, a décoré l’intérieur de la chapelle et dessiné les vitraux. Les murs de la chapelle sont ainsi devenus une sorte d’herbier plein de poésie où voisinent menthe poivrée et hampes fleuries. Au centre, la tombe de Cocteau a comme seul ornement l’épitaphe « Je reste avec vous ». Des visiteurs y laissent quelques roses rouges, les yeux rivés sur la dalle.

www.chapelle-saint-blaise.org

La visite de Milly serait incomplète sans une petite balade dans le bois des Pauvres. S’y dresse le célèbre Cyclop, sculpture monumentale de 22 m de haut construite entre 1969 et 1994 par Jean Tinguely et Niki de Saint-Phalle – entre autres artistes. De la bouche béante du monstre, une immense langue couverte de bouts de miroirs retombe dans un bassin d’eau. Au-de6tag_120715-163631ssus de l’entrée, vous apercevrez un gros tuyau, ancien conduit d’aération du centre Pompidou. A côté, des gisants en plâtre côtoient des compressions de César. Le cyclope se visite jusque dans ses entrailles et il est même possible d’accéder au sommet. Un univers labyrinthique aux engrenages de ferraille – des boules d’aluminium parcourent l’ensemble de cette sculpture composée de 350 tonnes d’acier.

Ouvert d’avril à mi-novembre du ven. au dim de 14h à 18h.
Visites guidées uniquement

Balade déjantée à Belleville

Dans le cadre de Paris Quartier d’été, le collectif Rimini Protokoll propose jusqu’au 8 août une drôle de balade intitulée « Remote Paris ». Ce jour-là, j’étais accompagnée de 2 amis brestois en goguette à qui j’avais vendu « une visite guidée du Père-Lachaise qui a l’air super originale ». Je me suis complètement plantée… mais on a adoré.

A l’entrée du cim6tag_290715-133509etière, ticket de métro et casque-audio sont distribués. On ne le sait pas encore, mais nous allons passer 2 heures de folie douce – tout en observant à la dérobée l’actrice Micky Sébastian, voix française de Sharon Stone, seule people du jour.

Dans le casque, c’est la voix artificielle de Margot qui retentit et nous interroge d’entrée de jeux sur notre mortalité, cimetière oblige. « Que restera-t-il un jour de toi ? » Merci pour l’ambiance. A notre grande surprise, nous quittons rapidement Le Père-Lachaise. Nous sommes maintenant « une horde », dirigée par cette voix qui nous oblige sans cesse à nous observer les uns les autres, voire à nous regarder dans les yeux – incredible. Et faire des tr6tag_290715-133350ucs super chelous : danser dans le métro, saluer les passants, faire la course, brandir fièrement notre rouge à lèvres, chanter Louise Attaque ou s’allonger dans l’herbe. Cette étrange balade nous fera finalement arpenter quelques rues méconnues du quartier de Belleville, avec une étape à l’hôpital Saint-Louis et un terminus au PCF – belle vue sur le Sacré-Coeur à la clé.

www.quartierdete.com